Entretiens

« Avec Futur.e.s, nous souhaitons montrer la pluralité des futurs possibles, et réfléchir à des modèles alternatifs »

Le festival Futur.e.s, dédié aux innovations émergentes, fête ses 10 ans cette année, et se recentre sur la thématique de la smart city. MyEventNetwork a rencontré sa directrice, Hélène Allain, et fait le point sur les évolutions passées et à venir de l’événement.

Publié le 04/06/2019 à 16:30, mis à jour le 04/11/2020 à 19:10.

Photo d'Hélène Allain
© Cap Digital

Quelle est la particularité du festival Futur.e.s ?
Nous sommes un festival défricheur de tendances émergentes. Notre particularité, c’est aussi que l’événement est ancré dans un accompagnement de l’innovation à l’année. Le programme du festival, ses conférences, ses ateliers sont nourris de rencontres et de réunions stratégiques organisées avec les innovateurs membres de Cap Digital toute l’année. 

Le festival Futur.e.s a 10 ans cette année. Comment a-t-il évolué depuis ses débuts ?
A sa création, en 2009, l’objectif était de créer la rencontre entre les innovateurs, et notamment les innovations soutenues par la puissance publique, et les usagers potentiels.

Nous sommes convaincus que les innovations ne trouvent leur pleine potentialité que lorsqu’elles s’appuient sur les vrais besoins des usagers

Depuis le début, nous sommes convaincus que les innovations ne trouvent leur pleine potentialité que lorsqu’elles s’appuient sur les vrais besoins des usagers et qu’elles sont ancrées dans les territoires. Il fallait aussi créer de l’appétence pour ces nouveaux produits et services que personne ne connaissait.
10 ans après, le contexte est évidemment très différent : tout le monde a un smartphone dans la poche, et se sent plus ou moins menacé par la technologie. Nous avons conservé l’ADN de Futur.e.s avec de nombreuses démos et la capacité de tester les innovations émergentes. Les conférences, qui avaient auparavant pour but d’expliquer ce qu’était le numérique et de développer la filière, prennent désormais plus l’allure de manifestes, pour raconter ce qu’il est souhaitable de faire avec la technologie. 
Nous souhaitons amener le public à réfléchir à des modèles alternatifs, en montrant la pluralité des futurs possibles. 
Il y a dix ans Futur.e.s (qui s’appelait alors Futur en Seine NDR) permettait aux connaisseurs de parler au grand public. Aujourd’hui les experts viennent s’exprimer, mais le public est également invité à donner son avis via des « labs » sur le futur dont il a envie.

En quoi consiste ces « labs » ?
Depuis deux ans, nous organisons des laboratoires de co-design de solutions par les usagers, sur un certain nombre de problématiques (l’emploi, la mobilité, la santé…). Nous allons également inviter le public à s’exprimer sur de grands sujets, comme la vente des données personnelles, l’anonymisation des données de santé par exemple. Le collaboratif et le contributif sont des moyens de montrer aux usagers que nous n’innovons pas sans eux.
Cette matière sera également restituée aux innovateurs membres de Cap Digital, afin de nourrir leurs recherches et leurs travaux, et de les aider ainsi à innover en tenant compte des usagers. 

Vous parlez de plusieurs futurs possibles, comment voyez vous les changements liés à l’innovation dans un avenir plus ou moins proche ?
Depuis l’an dernier nous organisons le festival Futur.e.s in Africa. Le continent africain est déjà bien lancé dans l’innovation et porte des modèles différents de l’Europe. C’est une innovation plus locale, ancrée sur son territoire. Et sur laquelle nous pourrions prendre exemple.
Concernant la ville durable, je pense qu’il va falloir se recentrer sur les besoins et les usages locaux, voire régionaux, plutôt que de penser l’innovation à une échelle mondiale. 

Nous oublions trop souvent que le numérique est une culture du partage, de la redistribution de l’expertise et des compétences.

Enfin, nous avons tendance à réduire le numérique aux robots, à l’intelligence artificielle, mais nous oublions trop souvent que c’est aussi une culture du partage, de la redistribution de l’expertise et des compétences. Or, il y a des innovations qui mixent la mesure de soi, la prévention, l’intelligence artificielle et l’intelligence collective. Je pense par exemple à des initiatives comme CapCode, qui est un dispositif de prévention pour l’asthme ainsi qu’une plateforme contributive où les gens peuvent poster des messages pour signaler les endroits où il y a beaucoup d’allergènes par exemple. 
Je crois beaucoup à ce type d’innovations. 

Quels seront les développements de Futur.e.s pour les années à venir ?
Nous avons pris le parti de sélectionner des innovations émergentes, inédites, et pas seulement portées par des start-ups. Nous pensons que le rôle des pouvoirs publics et des collectivités est très important dans l’innovation, car la question de la gouvernance de l’innovation est essentielle. Sinon, la société du futur sera servicielle, solutionniste, mais ne s’inscrira pas dans une stratégie d’innovation durable.
Nous allons continuer à rassembler des acteurs divers de l’innovation pour faire en sorte qu’ils se rencontrent, qu’ils créent des ponts et réfléchissent à une innovation durable, dotée d’une gouvernance. 

Un dernier mot sur Futur.e.s 2019 ?
Parmi nos visiteurs, beaucoup viennent des agences et des métiers créatifs. Futur.e.s est le lieu idéal pour chercher de l’inspiration. C’est aussi l’occasion de comprendre à quoi va ressembler le futur, avec des démos et des cas d’usages. Enfin, il faut savoir que plusieurs start-ups présentes au CES étaient déjà à Futur.e.s quelques années auparavant. Nous sommes un pôle de compétitivité, et nous avons la capacité de présenter des innovations prometteuses. Venir à Futur.e.s, c’est avoir un temps d’avance sur tout le monde. 

A quoi ressemblera le futur ? Projetez-vous avec Hélène Allain :

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