Entretiens

« Le rapprochement entre groupes média et hors-média est une évidence en termes d’accès aux audiences »

Le groupe Reworld Media poursuit son impressionnante croissance. Il vient d'investir dans l'événementiel avec une prise de participation minoritaire dans Hopscotch Groupe. Pascal Chevalier, président de Reworld, nous explique pourquoi. 

Publié le 16/12/2020 à 13:00, mis à jour le 17/12/2020 à 09:59.

PASCAL CHEVALIER
© DR

Vous venez d’annoncer une prise de participation de 15,3% au capital d’Hopscotch Groupe, agence de communication globale ancrée dans l’événementiel et le marketing de communauté. Quel est le projet industriel qui prévaut derrière cet investissement ?
C’est une prise de participation minoritaire qui fait totalement sens puisque Reworld Media cherche à se développer dans le domaine du hors-média, de l’événementiel, et qu’il y a un véritable savoir-faire au sein d’Hopscotch groupe. C’est donc une bonne opportunité pour nous de faire des choses ensemble, dans un contexte où le rapprochement entre des entreprises média et hors-média est une évidence en termes d’accès aux audiences. Nous sommes avant tout un groupe média qui innove en priorité sur le volet technologique et qui décline le hors-média d’une nouvelle manière. Le secteur événementiel a changé avec la digitalisation du fait de la crise, et au sortir de celle-ci le marché ne reviendra pas exactement là où il était.

La place du hors-média s’est vu renforcer par le digital, ce dernier ayant permis beaucoup de choses incroyables mais en cassant le contact physique

La place du hors-média s’est vu renforcer par le digital, ce dernier ayant permis beaucoup de choses incroyables mais en cassant le contact physique. Le digital permet à des marques de parler à de potentiels clients mais il faut avoir une approche très expérientielle. Les événements de demain ne seront assurément pas ceux hier, donc si nous accélérons sur la création d’events ce n’est pas pour faire comme tout le monde mais bien pour innover.

Quelles seraient ces synergies entre les deux groupes ?
Hopscotch possède des événements propriétaires ou co-propriétaires, que ce soit le Paris Mondial Festival, le Salon de l’Auto ou la Semaine du Goût. Si l’on prend l’exemple du salon de l’automobile qui n’a pas eu lieu cette année, le format du prochain rendez-vous sera forcément digital, avec une priorité sur les attentes visiteurs mais aussi annonceurs. Donc nous allons vers davantage d’interactivité, de logiciels qui permettent de participer à distance, de créer des connexions et de nouveaux formats. Mais ce qui intéresse in fine les annonceurs c’est de vendre, soit en récupérant des leads qualifiés soit en amenant les clients potentiels sur des sites e-commerce. D’autant que si la crise perdure en 2021, le secteur ne pourra pas passer une nouvelle année sans chiffre d’affaires. Tout l’enjeu est donc d’innover et non de refaire ce qui existe depuis longtemps.

Faire des événements différents tout en s’appuyant sur des marques média fortes donc ?
Oui mais pas que. Nous pouvons développer aujourd’hui des événements sur des marques média mais aussi créer une marque média nouvelle car le monde change et de nouvelles communautés voient le jour. Nous souhaitons créer avec Hopscotch de nouveaux événements dans l’univers du BtoC et du BtoB. D’ailleurs c’est un partenariat qui se monte également avec une troisième entité, à savoir notre pôle BtoB NetMedia Group. Sur le volet BtoB, nous allons créer des formats très ambitieux, à l’instar du BtoC, en nous appuyant sur nos marques médias, nos communautés et donc nos audiences. Il faut être capable de proposer des expériences à nos lecteurs.

Les événements que nous allons créer demain seront avant tout digitaux, avec la capacité de redevenir physiques dès que nous aurons la possibilité de le faire. Mais plutôt que d’attendre la fin de cette crise sanitaire, nous allons lancer des rendez-vous avec des dates et des programmes définis et nous aviserons selon le contexte. Après, ce qui va être intéressant de suivre avec les events « nouvelle génération » qui vont émerger, c’est à la fois l’efficacité des events et leur ROI.

Grâce à internet, les publics ont accès à tous types d’informations ; ce qu’ils recherchent aujourd’hui c’est de pouvoir toucher, goûter, essayer...

Grâce à internet, les publics ont accès à tous types d’informations ; ce qu’ils recherchent aujourd’hui c’est de pouvoir toucher, goûter, essayer. Il nous faut donc aider les annonceurs à vendre tout en leur permettant de mesurer la performance de ces investissements.

Vous êtes présents sur 6 principaux univers. Est-ce que ce rapprochement vous ouvre des portes sur d’autres verticales, d’autres univers ?
Entre Hopscotch et nous, nous couvrons déjà quasiment tous les univers. Il y a en effet les 6 univers de Reworld Media, mais aussi les univers BtoB de Netmedia Group qui, rappelons-le, réalise un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros et est présent dans 4 pays. Le marché du BtoB est très prometteur et notre ambition est de devenir un acteur aussi puissant ce que nous l’avons fait avec Reworld Media dans le BtoC.

Un pôle BtoB qui possède d’ores et déjà beaucoup d’événements ?
Netmedia Group est en effet positionné sur les médias, le digital et l’événement. Dans le cadre du BtoB, nos événements ont été cette année 100% digitaux. Sur 2021, les événements sont déjà calés sur des dates, permettant aux équipes en interne mais aussi aux participants de pouvoir se projeter. Et si nous pouvons les compléter d’un volet présentiel nous le ferons mais personne n’attend la fin des confinements pour travailler. Ce marché est très large avec beaucoup d’expertises. Mais nous avons largement de quoi faire en termes de développement sur ce marché.

Comment se structure votre chiffre d’affaires à date ?
Sur les 500 millions de CA que nous réalisons, 250 millions proviennent de notre média éditeur de logiciels à destination des annonceurs, l’autre partie provenant de la vente de contenus par abonnement, un peu à la manière de ce que fait Spotify dans l’univers de la musique. Ces abonnements se font à partir des magazines, des chaînes de télé et sur des sites internet. Et on se rend compte aujourd’hui que le marché a évidemment plus de croissance sur le digital et le média TV. Enfin, y a une partie de ventes à l’acte qui peuvent se faire sur l’ensemble des canaux de distribution. La façon dont on consomme de la musique a évolué et je pense que la consommation de contenus d’information se transforme également grâce à des formats différents et multiples.

Quelle est votre feuille de route pour Reworld Media à moyen terme ?
Nous aurons des annonces à faire en tout début d’année. Mais il est certain qu’il faut toujours s’engager à contre-courant donc, alors que tout le monde parle de l’effondrement de l’événementiel, c’est maintenant qu’il faut investir dans les entreprises événementielles notamment à travers la croissance externe. Dans notre stratégie, nous allons continuer d’investir sur la partie digitale car c’est notre cœur de métier, ensuite sur le hors-média et des activités périphériques telles que l’édition, les podcasts, la formation, etc.

Notre feuille de route reste la même, à savoir constituer un groupe d’entrepreneurs très innovants sur des marchés à transformation. Nous allons continuer de le faire en ayant pour objectif d’ici quelques années de passer le cap du milliard de chiffres d’affaires. Nous sommes en bonne voie pour y arriver.

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