Entretiens

« Il n’y a pas un jour où l’on ne me parle pas de cahier des charges intégrant des enjeux de RSE. »

Depuis maintenant 12 ans, Isabelle Luoni s’investit à 300% pour faire bouger les lignes en faveur d’une communication et d’un événementiel plus responsables. Une démarche motivée par un engagement personnel pour la thématique écologique et celui du groupe Hopscotch dont elle dirige la performance globale. Elle nous raconte son parcours, ses réalisations et ses motivations.

Publié le 04/09/2020 à 10:18, mis à jour le 04/11/2020 à 19:10.

ISABELLE LUONI
© DR

Comment devient-on directrice de la performance globale d’une agence de communication ?
J’ai pris ces fonctions il y a maintenant 3 ans, mais je suis arrivée à l’agence Hopscotch il y a 19 ans en tant que responsable Achats. A l’époque, j’avais écrit une stratégie achats pour la direction générale qui ambitionnait de faire cohabiter les achats et le développement durable. D’autre part, la profession commençait à se mobiliser, notamment grâce à notre directeur général Benoit Desveaux et Dan-Antoine Blanc-Shapira de l’agence Sensation ! qui ont été à l’origine de la charte de développement durable de la filière événement. Au delà de valeurs militantes personnelles et de l’ADN de l’entreprise, l’objectif est donc de nous entourer de partenaires avec des critères précis et de nous engager auprès d’eux. Tout ceci c’est fait naturellement pour moi, comme une évidence.

Concrètement, cela signifie quoi en termes de référencement et d’appel d’offres par exemple ?
Avec les équipes de production, je définis en effet en amont avec quels fournisseurs nous allons travailler. Et bien évidemment les critères RSE sont déterminants, au-delà du prix. Nous prenons en compte la qualité, les équipes, l’innovation, la R&D, etc. Un fournisseur qui n’a pas de démarche RSE n’est même pas référencé chez nous. Parfois, il peut y avoir une volonté d’être plus vertueux mais qui n’est pas concrétisée. Dans ce cas, on peut accompagner le prestataire dans ses démarches. Avec les années, j’ai constitué notre écosystème sans lequel Hopscotch ne peut quasiment rien faire et avec lequel nous sommes très exigeants.

Lorsque nous travaillons sur les enjeux d’un client et que l’on pense que le média événement sera la bonne réponse à sa problématique de communication, nous sommes très en amont sur les sujets éco-socio-conception. Cela veut dire dès la création du concept et avec la pleine adhésion du client. Si ce dernier est aussi convaincu que nous, alors c’est une belle histoire qui s’écrit.

Justement, comment les clients ont évolué dans leurs demandes et leur connaissance des sujets RSE ?
Lorsqu’en 2012 l’agence Hopscotch a fait certifier son système de management pour l’événement de lancement du véhicule électrique Twizy de Renault, cela avait été très peu remarqué. 

Aujourd’hui, il n’y a pas un jour où l’on ne me parle pas de cahier des charges intégrant des enjeux de RSE. Les clients sont au fait désormais, les budgets sont mieux alloués et la responsabilité environnementale est réellement prise en compte.

Qu’est-ce qui demeure le plus compliqué en termes de RSE ?
Quand on pense faire attention à l’impact environnemental d’un événement, on a tendance à dire qu’il ne faut plus rien faire, ne plus déplacer de gens, etc. Notre responsabilité en tant qu’agence c’est de limiter l’impact de nos événements mais aussi de continuer à faire rêver. Si demain les événements éco-conçus deviennent synonymes de low-cost et sont dénués de créativité, on prendra une mauvaise direction. Il y a aujourd’hui un vrai challenge pour continuer de maintenir une qualité de prestations au service des contenus. Cela veut dire trouver de nouveaux partenaires, matériaux, alternatives, et pas forcément dans notre secteur. Je me nourris de rencontres extérieures à notre écosysteme, qui n’ont pas nos codes et qui sont inspirants. Ne pensons pas que désormais nous ne pouvons plus faire un Waouh Event, ni créer le buzz, ni susciter l’émotion parce que c’est RSE.

C’est la seconde année où vous accompagnez le MEDEF dans leur événement la REF. Avec une démarche RSE plus aboutie sur cette édition ?
Cette année, nous voulions avoir un œil extérieur, un organisme agréé et reconnu pour valider nos process. D’où la démarche de certification lancée et obtenue lors de l’ouverture de la REF 2020. Ce 13ème événement signé Hopscotch et certifié ISO 20121 par l’organisme international BSI, avait pour objectif principal d’atteindre le zéro déchet. Avec près de 4 000 personnes sur deux jours à Longchamp, l’enjeu était de monter cette université d’été malgré la pandémie, mais également de participer à la relance économique et de redonner un élan aux événements en présentiel. Il n’y avait pas à convaincre le MEDEF du bien-fondé de la démarche, ils étaient déjà dans cet élan.

Votre prochain challenge ?
Tout prochainement, nous organisons un event au mois d’octobre pour un constructeur automobile, événement que l’on va certifier. Par ailleurs, nous avons enclenché la certification de toutes les équipes Hopscotch Event et Sagarmatha. Par la suite, il nous faudra travailler sur de nouveaux outils ou encore se former en interne sur l’impact carbone par exemple.

Autre sujet, le volet social pour lequel chaque agence doit contribuer à faire travailler des personnes éloignées du monde de l’emploi. N’oublions pas que la diversité nourrit.

L’écologie et la RSE, un engagement personnel également ?
Oui, cela tient tout d’abord à mon éducation. Je pense avoir eu les yeux ouverts sur ces problématiques très tôt, mais cela fait 10 ans que j’applique mes convictions dans mon travail et que du coup cela donne beaucoup plus de sens à mes journées. Ces sujets ont changé ma vie d’un point de vue professionnel et personnel. Cela fait 3 ans que nous sommes passés au zéro déchet dans mon foyer, un véritable challenge pour ma famille ! On s’est remis à cuisiner, à découvrir des producteurs locaux, etc. Comme quoi on peut toujours faire de nouvelles découvertes en termes de consommation et de responsabilité.

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