L’édito

Tant qu’il y aura de l’humain 

L’intelligence artificielle doit être régulée. Personne n'en disconviendra, pas même les acteurs les plus libertariens de la Tech. La question valait donc bien un sommet international.

Par Laurence Rousseau, publié le 08/11/2023 à 17:06, mis à jour le 09/11/2023 à 00:07.

Tant qu’il y aura de l’humain
© Unsplash

Celui-ci, le IA Safety Summit, s’est tenu la semaine dernière en Grande-Bretagne, et plus précisément au manoir de Bletchley Park, lieu où le chercheur Alan Turing et son équipe ont décrypté le système de communication allemand lors de la Seconde Guerre mondiale. Un symbole fort pour une rencontre entre chefs d’Etats, experts et entreprises de la Tech, et pour un événement qui se voulait être un GIEC de l’intelligence artificielle. Est-ce que les recommandations émises au cours de cette conférence, dont la seconde édition physique se tiendra en France, seront davantage écoutées que celle du GIEC du climat ? Est-ce que la course technologique en matière d’IA sera freinée, voire mise sur pause, le temps d’échafauder un cadre international pérenne à son développement ? Dans un univers ultra-concurrentiel et à forts enjeux où les Microsoft, Google et autres X investissent des milliards de dollars pour prendre une position dominante, il est permis d’en douter.

Dans le même temps, on nous assure que l’humain est et restera au centre des préoccupations de ce Far West contemporain. Pour le patron de l’ONU, “ les principes de l’IA devraient être fondés sur la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits humains ”. Chiche ! Pour le patron de ChatGPT  Sam Altman, qui réalisait ce lundi sa première keynote, tel un géant de la Tech qu’il est devenu en un claquement de doigt grâce à ses 100 millions d’utilisateurs, l’histoire ne fait que commencer. “ Ce que nous lançons aujourd’hui va paraître très pittoresque par rapport à ce que nous sommes en train de créer pour vous maintenant ” prophétise-t-il. On veut bien le croire ! En attendant, les utilisateurs d’IA que nous sommes devenus, sciemment ou non, devons tenir le rôle de superviseur qu’on nous a de facto attribué. “J'ai des limites et je peux parfois me tromper, mais vos commentaires m’aideront à m’améliorer ” avoue humblement la bête IA à biberonner. “ Pas de souci, j’en sais davantage que toi ” lui répond-on, avec cette forfanterie si humaine sur laquelle comptent les concepteurs de programmes. Un puits sans fond, tant qu’il y aura des hommes...

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