L’édito

Persona non grata sur événements

On connaît l’appétence des organisateurs de grands rendez-vous de filière pour accueillir élus et membres du gouvernement. Bien que cela relève systématiquement du casse-tête protocolaire et organisationnel, la venue d’une personnalité politique sur un événement garantit à ce dernier une reconnaissance marché et une visibilité médiatique supplémentaire, toujours recherchées et appréciables.

Par Laurence Rousseau, publié le 19/04/2023 à 16:47, mis à jour le 19/04/2023 à 17:16.

Persona non grata sur événements
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Un temps, la présence de représentants gouvernementaux fut d’ailleurs un sujet pour de grands organisateurs nationaux regrettant de ne pas pouvoir compter sur les politiques pour appuyer de leur présence une activité événementielle synonyme de retombées et levier économiques puissants. Et ce, au point de paraître en tête des préconisations du contrat de feu la filière « Rencontres d’affaires et événementiel » signé en 2016, à l’occasion du SIAL à Villepinte. Figuraient ainsi en bonne place de ce contrat des actions immédiatement applicables telles que « l’organisation systématique d’une visite/inauguration officielle par le ministre le plus concerné par le salon ou congrès ».

Mais ça, c’était avant. Avant tout d’abord que lesdits ministres ou édiles se prêtent davantage à l’exercice. En l’espère, le progrès est incontestable. Et surtout avant que les contestations sociales - et parfois environnementales - gagnent l’espace public et trouvent un terrain d’action et d’expression dans l’événementiel. A l’heure où le mécontentement gronde toujours sur la question de la réforme des retraites, il ne fait pas bon être un ministre en sortie officielle. A l’instar d’Olivier Dussopt prié la semaine dernière par la Préfecture de Paris de ne pas se rendre sur un salon ou d’Elisabeth Borne chahutée lors d’une récente visite en Eure-et-Loir. Qu’en sera-t-il d’Emmanuel Macron qui ne refuse jamais le contact, parfois rugueux, avec les Français ? Verrons-nous par exemple le Président de la République en juin prochain sur Viva Technology, événement dont il n’a manqué aucune édition jusqu’à lors ? Ses prochains déplacements terrains donneront le ton à coup sûr. Mais que notre personnel politique soit persona non grata dans l’espace public devient un problème qui dépasse largement le champ événementiel. Sans jouer les Cassandre, il faudrait rapidement calmer le jeu alors que pointe une autre menace pour notre secteur : celle de voir les prochains grands événements et évidemment les JO 2024 perturbés par des actions coup de poing. 

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