L’édito

Lettres ouvertes et portes fermées

On est souvent perplexes devant ce libellé « Lettre ouverte au Président de la République ». On sait parfaitement qu’il ne la lira pas, tout au moins sous cette forme car il l’aura déjà reçue par voie protocolaire. Alors qui lit la lettre ouverte sur la culture de la betterave, celle sur le sevrage des veaux, l’élevage des visons ou la faillite de l'événementiel français… et pourquoi les passe-t-on, jour après jour, en pleine page dans vos quotidiens préférés ? 

Par Xavier Dordor, publié le 08/12/2020 à 15:40, mis à jour le 10/12/2020 à 09:13.

Lettres ouvertes et portes fermées, un édito de Xavier Dordor
© Possessed Photography

Le grand public s’il n’est pas proche du sujet passe volontiers à coté, car l’écriture de la lettre ouverte entre généralement dans un niveau de détails peu accessibles (constats chiffrés, textes réglementaires ou contraintes juridiques, contradictions entre les discours politiques et actes administratifs…). La filière économique concernée est la première population ciblée et lectrice effective. « Voilà quel est l’état de la situation et voyez comme on défend bien vos intérêts… » disent les auteurs de la lettre qui sont souvent des élus dans les associations professionnelles. Pour autant ces démarches sont-elles inutiles ou inefficaces ? Que nenni ! La situation dramatique que nous vivons fait que chacun regarde midi à sa porte, et que son champ de réflexion est quelque peu rétréci devant l’ampleur de la crise. La lettre ouverte a le mérite d’amener à réfléchir collectivement, à poser les bonnes questions, à mieux les formuler, à donner ainsi à chacun des éléments de langage partagés et donc plus forts car toute une profession se mobilise derrière les mêmes arguments, nourris de l’expérience individuelle. La lettre ouverte est fédératrice, c’est là son premier intérêt et si elle ne touche guère le Président, elle touche les ministères, les cabinets, les conseillers tout aussi occupés à défendre leurs secteurs et à éviter les esclandres. Bref ce qu’il est convenu d’appeler « les pouvoirs publics ». Et là les arguments portent plus certainement car le contenu et l’écho sont audibles. Efficaces, on ne sait jamais. La prolifération des lettres ouvertes met elle parfois en cause leur rendement ?  Oui sans doute mais on ne lit ou parcourt que celles qui nous concernent…

La prolifération des lettres ouvertes met elle parfois en cause leur rendement ? 

Les lettres s’accompagnent souvent d’actions sur le terrain qui reprennent les codes de chaque profession et défient l’ordre public quand il le faut. Blocage de route par des tracteurs, rideaux baissés des commerçants, grève des services… La situation sociale actuelle tend peut-être à éviter ces menaces sur la voie publique car elles sont susceptibles d’être récupérées.

Pour la filière événement, la ville est certainement le terrain de jeu en évitant les écueils précédents. Le numérique aussi est une opportunité pour faire entendre sa cause. Les deux combinés peuvent créer des chocs positifs forts. « L’Alerte Rouge », « La Page Blanche », « A-Live » ont témoigné avec succès de l’inventivité de leurs différents organisateurs au service de la profession. Continuons ?  Tous ensemble !

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