L’édito

La cosmopolitesse de la rencontre 

En préparant un article sur la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêt, tout juste inaugurée par le Président de la République, je me suis laissée porter vers d’autres horizons, prise par la main par François 1er et surtout une sérendipité toute virtuelle. J’ai ainsi découvert sur le site du média Le Grand Continent, un formidable article sur le besoin des gouvernants de se rencontrer physiquement au fil des siècles. 

Publié le 01/11/2023 à 16:26, mis à jour le 01/11/2023 à 18:28.

Game of Thrones
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Dans l’ouvrage Comment la confiance vient aux princes, les auteurs Jean-Marie Le Gall et Claude Michaud retracent ainsi 3 siècles de sommets entre puissants, sur la base d’une enquête quali mais aussi quanti, puisque ce sont pas moins de 3 344 rencontres princières qui ont été analysées. On y apprend notamment - mais est-ce vraiment une surprise - que les souverains n’ont jamais cessé de se rencontrer, malgré les avancées en matière de mobilité et des moyens de communication. Les deux historiens nous éclairent surtout sur un processus qui n’avait rien de naturel, à une époque où princes et rois pouvaient être enlevés et faire l’objet de demandes de rançon ou d’âpres négociations territoriales. Cela rappellera quelque chose aux amateurs de Game of Thrones… D’où une tendance à voyager incognito. C’est au XVIIIe siècle que l’on note une évolution, avec des rencontres qui s’inscrivent désormais dans une relation de confiance et un besoin commun de reconnaissance. Et les chefs d’Etat vont poursuivre leurs rencontres, en marge des échanges diplomatiques, afin de maintenir un contrôle direct. Ainsi se dessine une “cosmopolitesse” , basée sur le cérémonial et la politesse entre princes, qui s’appuie aussi sur la symbolique des hauts lieux de pouvoir tels que Versailles. 

Depuis lors, la comparaison des images des dirigeants reste omniprésente. On a beaucoup glosé sur la rencontre entre Poutine et Macron autour de cette fameuse table de 15km de long ou bien, dans un tout autre contexte, sur le dîner versaillais en l’honneur du roi Charles III. Tout ceci est affaire de symboles, ce qu'a bien compris notamment Volodymyr Zelensky, empêché dans ses déplacements mais utilisant la visioconférence pour rencontrer les puissants de ce monde, et obtenir, a minima, leur reconnaissance. De l'art de la rencontre...

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