L’édito

Apprenti sorcier ou simple balai ? 

La technologie a de tout temps fait évoluer notre rapport au monde. Avec l’avènement de l’intelligence artificielle, nous basculons dans une nouvelle dimension sans réels contours. Aussi on tâtonne, on expérimente, partagés entre la fascination pour de nouveaux champs des possibles et le sentiment d’une perte de fondamentaux.

Par Laurence Rousseau, publié le 27/03/2024 à 16:03, mis à jour le 28/03/2024 à 09:30.

Apprenti sorcier ou simple balai ?
© Disney

J’en ai fait l’expérience dernièrement en écoutant, au lieu de lire, un article du Monde portant justement sur l’accord que vient de signer le média avec OpenAI. Une “lecture” audio rendue possible depuis peu, grâce à un autre accord du journal avec Microsoft, et un nouvel accès à l’information qui trouvera sans doute son public. Voici pour la forme. Sur le fond, ce papier explicitait la stratégie du média pour notamment alimenter ChatGPT de ses articles, mais surtout pour protéger et rémunérer les droits intellectuels des producteurs de contenus premiers que sont les journalistes. 

Comme dans la séquence de L’Apprenti Sorcier du film d’animation Fantasia, dans laquelle Mickey utilise la magie pour faire travailler son balai à sa place, nous remplissons des seaux pour alimenter la machine IA, et ce avec autant de célérité que nous mettons à gaver les réseaux sociaux. Or l’IA n’est pas magique, et les seaux en question ne se remplissent pas tout seul. Où et quand utiliser l’IA sont des questions primordiales qui devraient faire l’objet d’un plan défini à l’échelle de toute entreprise, avant de se précipiter par peur de rater le train de l’innovation. Quelles en seraient les incidences en termes de gain de productivité mais aussi d’emploi, quand les compétences dites intermédiaires sont identifiées comme les plus menacées ? Quid également de ce nouvel outil au service de la créativité ? Un tout récent sondage OpinionWay pour CCI France et le MEDEF, à l’occasion de GO Entrepreneurs, nous apprend que 36% des chefs d’entreprises interrogés se disent prêts à confier leur stratégie de communication à l’IA. Une solution techno-centrée où le dirigeant se verrait tel un magicien ? Les Dircom’ et les agences spécialisées apprécieront.

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